#Réseaux #sociaux, applications, nouvelles technologies : la police londonienne à l'heure du 2.0

8 juillet 2018, Commentaires: 0

Trois semaines avant le début des Jeux olympiques de Londres, la police londonienne se prépare également à gérer les éventuels débordements que pourrait engendrer le premier anniversaire des émeutes qui ont secoué Londres et d'autres villes anglaises en août 2011. Si la décision d'installer une batterie antimissiles sur le toit d'un château de l'Est londonien a fait grand bruit en mai,

la police britannique a également décidé de miser sur de nouvelles mesures, alliant nouvelles technologies et réseaux sociaux, pour assurer la sécurité de la ville olympique. Au moment où le système de vidéosurveillance londonien – closed-circuit television (CCTV) – aux quelque 400 000 caméras ne cesse de s'attirer les foudres des associations de défense des libertés civiles, la police invente de nouvelles manières de chasser le crime.

Scotland Yard a créé la surprise en dévoilant, le 26 juin, Facewatch, une application disponible sur smartphones et tablettes permettant aux habitants de Londres d'identifier et de signaler les présumés émeutiers de l'année dernière qui échappent toujours à la justice britannique. Dans cette application gratuite, 2 880 images issues des fichiers de vidéosurveillance sont classées par code postal. Il s'agit en réalité d'une extension du site Internet Facewatch créé en 2010 sur une idée de Simon Gordon, un Londonien déterminé à réduire les actes de vandalisme que subissait son bar à vin. En partenariat avec la Metropolitan Police (MET), il a élaboré ce site Internet basé sur le crowdsourcing, c'est-à-dire une méthode de recueil d'informations basée sur la participation des internautes.

VU SUR TWITTER

"C'est une belle occasion pour le public de nous aider à combattre le crime et à attraper ceux qui ont jusque-là échappé à la police. J'epère que deux tiers des Londoniens qui possèdent des smartphones vont télécharger cette application", s'enthousiasme le commissaire adjoint de Scotland Yard, Mark Rowley. Même constat pour Simon Gordon, qui se réjouit "d'aider la police à créer une ville plus sûre – en particulier en une année si importante pour Londres".

Le commissaire adjoint a par ailleurs assuré que les associations de défense des libertés civiles avaient bien été consultées lors de la conception de l'application. "La police a toujours utilisé des images dans les appels au public, a-t-il souligné. Il n'y a donc ici aucune rupture. Nous utilisons seulement la technologie pour toucher une bien plus grande audience." Avant d'ajouter : "Tout le monde a des inquiétudes à propos d'une éventuelle violation des libertés civiles, mais la grande majorité des gens veut aussi que les criminels soient capturés. Nous avons parlé [aux associations de défense des droits de l'homme, comme Big Brother Watch et Liberty] et elles n'avaient aucune inquiétude concernant cette application."

En 2011, l'organisation Big Brother Watch jugeait en effet sur son site Internet que Facewatch faisait "un pas dans la bonne direction en ce qui concerne l'usage de la technologie [par la police], tout en assurant dans le même temps la protection de la vie privée du public". Après les mutiples dérapages de la police concernant la diffusion involontaire de fichiers vidéos, l'organisation se déclarait satisfaite d'une application qui semblait, enfin, assurer la protection des données.

L'application est par ailleurs sponsorisée par le fabricant de BlackBerry, Research in Motion, le même constructeur qui avait assuré les autorités britanniques de sa collaboration après la découverte que les émeutiers communiquaient massivement grâce à BlackBerry Messages, un service de SMS crypté proposé sur ses téléphones.

Lire : "Les réseaux sociaux ont été peu utilisés par les émeutiers britanniques"

En complément de cette activité sur les smartphones, la police a développé sa présence sur les réseaux sociaux. Dès août 2011, la MET a mis en ligne sur Flickr des photos de gens suspectés d'avoir participé aux émeutes : l'opération Withern était alors une première ébauche de ce qu'est devenu Facewatch. Aujourd'hui, ce programme dispose même d'un compte Twitter régulièrement mis à jour. Le 28 juin, on pouvait lire sur son fil que l'application était 4e sur l'App Store, le magasin d'applications de l'iPhone.

EXTRACTION DE DONNÉES

La MET a également mis au point un système permettant d'extraire les données des téléphones des personnes mises en garde à vue, et ce directement depuis le poste de police. Ce procédé permettrait d'imprimer directement les données ainsi recoltées et de sauvegarder des enregistrements de conversations. Selon la BBC, messages et contacts seront conservés et utilisés si la culpabilité du suspect est confirmée par la suite. Pour le moment, ce système n'est utilisé que dans 16 quartiers de Londres, mais il pourrait être diffusé dans tout le pays. Pour le moment, 300 policiers londoniens vont utiliser ce système développé par l'entreprise Radio Tactics, pour un coût de 50 000 livres (environ 63 000 euros) pour la première année de test.

L'organisation de défense des données privées Privacy International a toutefois tiré la sonnette d'alarme : "Il est illégal de conserver indéfiniment le profil ADN des individus après qu'ils étaient acquittés. Et les conversations, photos et données de localisation contenues dans les smartphones de la plupart des gens sont au moins aussi importantes et personnelles que l'ADN, a plaidé la porte-parole de l'organisation Emma Draper. Examiner le téléphone mobile d'un suspect après son arrestation, c'est une chose, mais si cette technologie devait être utilisée dans la rue ou lors de contrôles d'identité, il s'agirait d'un dérangeant développement des pouvoirs de la police."

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